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Lorena B. Mugica

Il y a un an, j’ai pris la route vers l’Ouest ne sachant pas si je reviendrai

C'est ici que je m'ouvre à coeur ouvert à qui voudra me lire.

Pourquoi je suis partie pendant un an et pourquoi je reviens.

J'ai l'impression d'avoir cligné des yeux et pourtant tellement a changé.


Black gate - Fairy Creek blockade - canon AE1, pas de focus c'est la nouvelle mode!

Avant même d'arriver dans la vallée de Fairy Creek, quelques géants se cachent dans la forêt.


****

30 octobre 2021. Me voilà sur la route du retour. Ce retour que j'ignorai - live là, sur la route vers l’Est.* Je suis posée à l’arrière de la van, dans le lit, assise et l’air sérieuse avec mes lunettes et mon ordinateur. J’écris dans le coucher du soleil ontarien. Les conifères mangent l’horizon et les lacs m’abreuvent du miroir barbe à papa, spectacle magnifique dont je me régale à tous les jours sans possibilité de me rassasier de tant de beauté.


You know, pandémie a changé les plans. Automne 2020, je n’avais aucun projet spécifique ou plan pour me retenir. Un jour, un ami cher à mon coeur, rencontré un an plus tôt m’invite à venir. ‘’Kootenays mountains welcomes you.'' Il me dit ce que j’avais besoin d’entendre, un ‘’viens’’ alors que j’erre dans l’attente d’un toit qui me fait sentir chez moi. À ce moment, mon auto est devenu mon safe space.J’ai une Pontiac G5 avec un gros sound system. Des fois le soir je fais du char pour écouter du beat. Il y a des soirs où je reste dans l’auto juste pour écouter de la musique. Même que un soir j’ai fais une soirée film et popcorn, ordi posé sur le dash. Novembre 2020, ça me fait plein de sens de traverser le pays pour me jeter dans l’inconnu. Cette aventure m’a complètement transformée. J’ai (ré)appris plein de choses : à faire du snowboard, mais le plus significatif, j’ai réappris à respirer, à marcher, à écouter mon corps. J’ai appris que je ne suis pas mes pensées.


Quand la pandémie est arrivé sur Montréal, j’étais dans un état de fatigue très avancé. Je me rappelle de cette semaine là comme un mauvais rêve. Je sortais au bar à tous les soirs et c’est le matin, la tête dans le cul ou encore ivre, que je regardais la télé des nouvelles métro, stationnée sur ma tuile de la station Joliette direction Berri-uqam. ‘’Ça s’en vient et je vais m’effondrer si je m’arrête.’’ Je l’ai pensé. Je l’ai dis. À mes amis. À mes professeurs À mes parents. À mes colocs. ‘’Ça va’’est devenue la question que je redoutais le plus, je n’arrivais plus à cacher mon état et mes larmes. La vision que j’avais de moi-même était celle de l’écroulement, tomber à genoux, en position foetale et ne jamais me relever.

J’ai commencé à boire y’a un moment déjà. C’était social, l’activité de soirée universitaire par excellence. La pause parfaite. La petite boisson d’accompagnement idéale. Graduellement, c’est devenu le somnifère et le meilleur outil d’autodestruction cachée par le couvert de l’activité sociale. C’est le mélange de plusieurs facteurs sur une longue période de temps qui m’ont amené à l’épuisement et l’autodestruction. Principalement, c’est l’intimidation de la metteur en scène pendant la production des finissants de mon école de théâtre, ce à l’automne 2019. J’ai travaillé beaucoup, des journées et nuits entières pour répondre aux demandes/commandes. J’en rêvais la nuit - plus souvent sous forme de cauchemars. L’alcool est devenue la récompense de fin de journée. Puis graduellement, le somnifère. C’est entre janvier et mars que ça l’a prit des proportions démesurées. Une nuit d’insomnie au mois de février 2020, j’ai googlé ‘’burn out symptôme’’. L’autodiagnostique s’est confirmé. Pandémie qui frappe, j’ai dormi pendant 4 mois. Ensuite, j’ai déménagé de Montréal à Québec pour changer le mal de place. Je me suis inscrite à la formation de préposée aux bénéficiaires.** J’ai fais deux mois et j’ai burn out encore. Diagnostique anxio-dépressif. J’ai pris des med. J’ai pas su trouver ma place - dans la ville que j’aime le plus au monde, avec le monde que j’aime le plus au monde. J’étais le fantôme de moi-même. Cet automne là, sans réaliser l’impact de ma décision, j’ai commencé à boire des bières sans alcool.


J'ai envie d’en parler parce que ça fait partie de moi et j’ai refusé de me voir,

J’ai refusé de reconnaître ce que je vivais.

Jai refusé d’écouter mon corps parce que l’alarme d’alerte sonnait depuis trop longtemps et qu’au fond de moi, je le savais.

J’ai aussi envie d’en parler parce qu’au Québec on a calissement une culture de l’intoxication. Que je m’en viens pis que j’ai peur en crisse. Je n’ai pas envie de fitter ce moule-là. Je peux être cool pis fun sans alcool parce je suis cool pis fun sans alcool. J’ai la tête pleine de désirs, de rêves et de créativité, la tête libre de l’addiction et le somnifère de l’alcool. Parce que je n’ai plus de raison de me knocker out. J’ai envie de créer avec toute ma tête ! Je veux créer sur ce que j’ai vécu à Fairy Creek, sur mes apprentissages là-bas : sur le retour à la Terre, à la connexion avec la Terre, les traditions autochtones, comment (se) décolonise.


J’ai passé la majeure partie des 5 derniers mois, de juin à octobre, à la blocade de Fairy Creek sur l’île de Vancouver. Un lieu de collectivité, communauté, anarchisme, décentralisation et militantisme unique. J’ai eu l’opportunité de développer mes skills à un autre niveau. Dans une communauté comme celle-là, dans un écosystème organique sans leader ni règles, tout est à définir et à faire. Comment en tant qu’individu se situer dans la fluctuation du groupe et du mouvement selon les besoins ? La police me demande ‘’Who is the leader?’’ Je réponds ‘’No one.’’ Il me relance ‘’Who you talk to?’’ Je réponds ‘’We spend 99% talking and figuring things out. That’s what we do here.’’ J’ai passé des journées à courir dans le bois et me cacher de la police. Ou encore, une journée à me cacher sous des géants troncs d’arbres, apeuré de l’hélicoptère de la police et des drones qui nous observe. J’ai passé du temps à gérer du monde, gérer des objets, organiser, cuisiner, faire de la vaisselle, collecter du bois, faire un feu, taper du marteau la nuit et couler du ciment la nuit, Aussi plus extrême, je me suis aussi caché de la police et des bûcherons dans un cut block, j’ai parler et négocier avec des policiers (beaucoup!), marcher et me cacher de la police à chaque fois que j’entends un véhicule. J’ai eu peur, j’ai ris, j’ai dansé, j’ai couru et j’ai eu les os humides. 5 mois à vivre dans un contexte extrême, dans des conditions extrêmes, mais surtout les deux derniers mois. J’ai fusionner avec la rainforest de Fairy Creek. Fairy Creek m’habite dans la moelle.*** J’ai fais des enregistrements sonores et j’ai l’intention de faire une diffusion sonore. À suivre !


Aujourd’hui, novembre 2021 - deux ans après le début de mon épuisement scolaire, j’ai renais. Je respire à nouveau.

Je marche à nouveau.

Je me possède, de corps et d’esprit.

Et me voilà de retour où je me sens bien et à la maison. Je dis retour, car mon coeur et mon âme est dans l’Est. La beauté des montagnes ne m’aura pas eu de son charme ! Le coeur en fleur, la tête dans les nuages et prête pour de nouvelles aventures, des nouveaux projets créatifs ! J’ai soif de créer! Retrouvons-nous et abreuvons-nous de nos idées les plus folles :)


Je suis pleine de gratitude envers la vie. O siem!

ok merci si tu as lu jusqu'ici ! Bye bye!


*Update, là je suis dans la grande ville. ;)

** Texte publié sur mon expérience de préposée aux bénéficiaires le blog de Filles Missiles CLIQUE ICI

*** C’est tellement dur à raconter, mais si tu veux que je te raconte des histoires, on ira boire un café ou une boisson pétillante!

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