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Lorena B. Mugica

FR. Flashback : sur la route aux États-Unis (2016)

Dernière mise à jour : 13 févr. 2021


Sur la route de l'Utah au Nevada,

Octobre 2016.


Départ matinal : 6h30 du matin. On est à Salt Lake City, Utah.

Great Salt Lake, Utah.


Le couchsurfer qui nous accueille, un gars sympathique et intense, nous explique la veille qu’il sera debout tôt pour aller faire du delta-plane avec sa copine. ‘’What time ?’’ on demande… ‘’Around 6’o’clock.’’ Nice, merci de nous en informer à minuit. Après le réveil, un arrêt s’impose dans un coffee shop. ‘’Here or to go ?’’nous demande la fille, ‘’Here !’’ Elle nous sert nos shot in the dark (espresso + café filtre) dans un verre en carton. Bon. En plus, je demande un croissant à 4$ US, qui s’avère être un vieux croissant séché. J’y repense encore des fois et un goût amer me revient en bouche. C’est vers 7h am qu’on prend la route. Notre procédé de route était souvent le suivant : se donner une destination, regarder les cartes et les paysages, s’arrêter où on a envie ! Cette journée précise, c’est le plan pour la journée, voir où la route nous mène. Autouroute 80 West, voir le lever du Soleil m’enveloppe d’une magnifique sensation que je profite les yeux mi-clos avec un sourire extrême béas aux lèvres. La route est seulement une ligne qui s’étend jusqu’à l’infini. C’est ce matin-là qu’on a vu les plus beaux paysages de notre voyage, qui encore à ce jour, justifie dans mon cœur notre envolée américaine. The Great Salt Lake. Un lac de sel. L’effet de l’eau agit comme un miroir sur l’horizon montagneux et bleuté. On est resté un long moment pour admirer ce paysage incroyable, cadeau empoisonné offert indirectement par ce couchsurfer plus ou moins accueillant.


Alors qu’on continue à rouler, je regarde les guides de voyage offert par CAA qui se résument plus ou moins à une anthologie des hôtels les plus chers, les restaurants fancy et 50% de pages publicitaires. À peu près la moitié du guide est dédié à Las Vegas. Je regarde la route et nous allons passer par Elko, une petite ville reconnue pour son industrie minière à l’époque de la conquête de l’Ouest. La maigre description du guide suffit à susciter notre curiosité. Quatre heures de route, l’arrêt se fait au musée d’Elko. La visite a été surprenante ; un fossile de mastodon (l’ancêtre du mamouth), une impressionnante exposition d’animaux empaillés et une exposition sur l’histoire d’Elko. J’y apprends que le Nevada est un État riche en minéraux comme la turquoise et le quartz. Lors de la période de la conquête de l’Ouest, l’exploitation minière s’est développée rapidement, les industries allant s’installer un peu partout dans le désert, souvent pour des périodes très courtes et plusieurs villages ce sont installés aussi vite qu’ils sont disparus. Au moment de partir, je remarque une carte qui expose les villes fantômes du Nevada. Je sors du musée, la carte en main. ‘’Ça te tentes-tu ?’’ je demande à Gab, mais il n’a plus le choix, la carte est là, il faut explorer. Avant de continuer, on s’arrête dans un McDonald faire le plein de café à 1$ et surtout, bummer le WiFi gratuit. Je fais 10 demandes couchsurfing pour San Francisco. De retour dans l’auto, on décide de suivre les indications données jusqu’à la ville fantôme de Kingston. La route est longue. Les étendues encore plus grandes que celles vues auparavant ; le désert à perte de vue, des montagnes à l’horizon, loin, très loin. Littéralement, on se trouve au milieu de rien. Le néant. Des fois des 4x4 nous dépassent, sûrement en riant de Princesse la matrix. Arrivés à Kingston, la ville fantôme est plutôt décevante. Le Soleil se cache derrière des montagnes. L’obscurité de la fin de journée enveloppe les quelques reliques trouvées. On est un peu déçus. Il est bientôt 17h. Où aller ? Prochaine destination, Belmont, ‘’On a le temps !’’ Route 50 Sud pendant 14 miles. À gauche sur 387-E. La route remonte un peu vers le Nord, on passe par le village de Manhattan. Il y a des chevreuils dans le village qui portent leur attention sur l’auto. Les indications de la carte disent de poursuivre tout droit et à la prochaine jonction, tourner à gauche. En continuant sur cette route en question, on arrive sur un chemin de terre, difficile par endroit, qui traverse la Toiyabe National Forest. Après 30 minutes, la route se divise en deux, mais ni l’une ni l’autre semble être la principale. Que faire ?

Le temps file, le Soleil tend dangereusement vers sa fin, on est quelque part perdus dans le désert et on ignore si on trouvera ce que l’on cherche. Il faut prendre la bonne décision. On continue sur la même route pendant 15 minutes. ‘’Non, il fallait prendre l’autre chemin’’, on rebrousse… un autre 15 minutes. La pénombre approche. Au terme de la seconde route, on voit notre salue. Une affiche indique Belmont en tournant à gauche. Trouvé ! Quand on arrive, la nuit est tombée. Toute semble mort. On ne distingue rien dans la ville, sauf un bar

qui ressemble plus à une maison. Des 4x4 sont stationnés. Gab veut qu’on explore la ville fantôme. Je lui dis que l’idée de me promener dans des débris la nuit me tente moyen. On opte donc pour notre ‘’Plan A’’ applicable à toutes les sauces : aller prendre un verre au bar. On rentre. Il y a un chien qui annonce notre entrée. On s’assoit au bar. Une petite télévision diffuse une partie de soccer ou de football, je m’en souviens plus. On commande deux bières. L’homme au bar est un homme âgé. Il porte un chapeau de paille, des lunettes style serial killer des années 80, une chemise carrotée bleue sur une chemise carrotée jaune. Il parle avec un cure-dent en coin, sans desserrer les dents. Il se tient droit, les mains dans les poches, sauf quand on lui demande à boire. À ma droite, il y a trois hommes qui nous observent. Ils sont un peu froids au début, mais l’alcool réchauffe. L’endroit est petit, il ne faut pas être impoli ! La discussion s’entame, les verres aussi. ‘’How many people live here ? ‘’ On demande, la réponse est 12. Les hommes assis au bar sont des chasseurs qui sont dans la région depuis 20 jours et demain, ils ont prévu quitter. L’un d’eux me montre une balle de fusil, il me la donne. La propriétaire du saloon est une femme d’une cinquantaine d’années. Elle me parle de Gabriel comme ‘’my husband’’. Bien sur.


Des ruines de la route.


Quelques verres sous le nez, je fabule une histoire romantique qui a mené à notre mariage. Les chasseurs nous offre de nous montrer le chemin jusqu’au site de camping et de partager un feu avec eux. On les suit en auto (sur une très courte distance) jusqu’au site. Une fois arrivés, le feu s’allume rapidement avec du gaz. On échange quelques paroles, quelques idées et opinions. Je comprends rapidement qu’ils sont des ‘’vrais’’ américains ou du moins, l’idée préconçue que j’avais en tête à ce moment y ressemblait beaucoup. L’un d’eux emploie le mot ‘’nigger’’ pour parler d’Obama. Ok, je n’embarque pas là dedans... On a soigneusement évité toute discussion politique plus poussée, car il était évident que rien de bon ne pouvait en découler. Plutôt profiter de la chaleurs des flammes en silence, jusqu’à ce que l’un d’eux s’exclame ‘’Fire…’’ Le lendemain matin, ils nous ont offert un bon petit-déjeuner, des hashbrowns et des saucisses déjeuner et ils sont partis avec un chevreuil. Après qu’ils soient partis, on a passé deux heures à ramasser des noix de pins. À la lumière du jour, on s’est baladés dans la ville fantôme qui étaient plutôt des amoncellements de bâtiments effondrés, reliques d’une ancienne ville minière du XIVe siècle.


Village fantôme de Belmont.


On a repris la route en début d’après-midi. Au compteur, 6 680 km de parcourus. Prochaine destination ? L’objectif est de trouver de l’internet et de voir les réponses couchsurfing pour San Francisco. On reprends la route du néant, du désert. Plusieurs avions militaires passent dans le ciel. En effet, on longe la base militaire secrète Area 51 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_51).


La journée file, elle va à toute allure. On s’arrête dans la première ville qu’on voit et on décide d’aller au bar. Il est 15h. Décision raisonnable ? Toujours, quand on ignore ce que l’on fera. Le TLC, Tonopah Liquor Compagny, est le plus vieux bar de la ville de presque 3 000 habitants. Au bar, il y a cette charmante dame, Suzy, qui nous accueille. Peut-être une cinquantaine d’années, son sourire la rajeuni de moitié. On commande deux bières et le mot de passe du WiFi. Le mot de passe ne fonctionne pas, les bières sont déjà servies. Tant pis. Nous sommes les seuls au bar, excepté une dame dans son coin. Suzy nous parle de sa vie, de la ville et nous, de la nôtre. L’échange est honnête. On lui explique qu’on ne sait pas trop où l’on va. Spontanément, elle nous invite à rester chez elle. Hésitants, on lui dit qu’on va aller manger un morceau et qu’on repasse plus tard. On décide d’attendre qu’elle nous l’offre une deuxième fois, peut-être que s’était une offre polie ? Lorsqu’on revient, on rencontre son copain Victor. ‘’This is Victor ! This is Gabriel and Lorena. They’ll stay with us at home !’’ Bon, c’est officiel, on reste chez Suzy ce soir. Finalement, on sera restés deux jours et deux nuits chez Suzy et Victor. Ils nous ont fait découvrir l’hôtel fantôme de la ville, le Myspa, ainsi que des tunnels sous-terrain. Le deuxième soir, avec quelques verres sous le nez, on a eu droit à un défilé d’armes à feu. Au Nevada, c’est open-carry, donc ce n’est pas anormal pour eux de nous les exhiber. J’étais assez impressionnée, quoiqu’un peu apeurée. Au moment de se quitter, j’ai versé quelques larmes. Thank you Suzy.


Les rencontres ont été honnêtes et les gens gentils avec nous, c’est les surprises de partir vers l’inconnu, sans attentes. Après cela, on s’est dirigé vers la Californie, en direction du parc national de Yosemite et Death Valley. Ce dernier, là où un peu avant l’entrée, nous avons vraiment connu et vécu l’expérience de la ville fantôme.


Quelque part sur la route au Nevada..



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